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CONTES ARABES.

les, que Tourmente, toujours en proie au souvenir de Ganem, prononça d’une voix assez haute : « Ô Ganem, trop infortuné Ganem, où es-tu présentement ? Dans quel lieu ton destin déplorable t’a-t-il conduit ? Hélas, c’est moi qui t’ai rendu malheureux ! Que ne me laissois-tu périr misérablement, au lieu de me prêter un secours généreux ? Quel triste fruit as-tu recueilli de tes soins et de tes respects ? Le Commandeur des croyans qui devroit te récompenser, te persécute pour prix de m’avoir toujours regardée comme une personne réservée à son lit ; tu perds tous tes biens, et le vois obligé de chercher ton salut dans la fuite. Ah, calife, barbare calife, que direz-vous pour votre défense, lorsque vous vous trouverez avec Ganem devant le tribunal du juge souverain, et que les anges rendront témoignage de la vérité en votre présence ? Toute la puissance que vous avez aujourd’hui, et sous qui tremble presque toute la terre, n’empêchera pas que vous en