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LES MILLE ET UNE NUITS,

des croyans, dit-elle d’un air et d’un ton qui marquoient encore son étonnement, je suis très-sensible à tous les tendres sentimens que vous marquez avoir pour moi ; mais permettez-moi de vous dire que je ne comprends rien à la nouvelle que vous m’apprenez de la mort de mon esclave : elle est en parfaite santé. Dieu nous conserve vous et moi, Seigneur ! Si vous me voyez affligée, c’est de la mort d’Abou Hassan son mari, votre favori, que j’estimois autant par la considération que vous aviez pour lui, que parce que vous avez eu la bonté de me le faire connoître, et qu’il m’a quelquefois divertie assez agréablement. Mais, Seigneur, l’insensibilité où je vous vois de sa mort, et l’oubli que vous en témoignez en si peu de temps après les témoignages que vous m’avez donnés à moi-même du plaisir que vous aviez de l’avoir auprès de vous, m’étonnent et me surprennent. Et cette insensibilité paroît davantage, par le change que vous me