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CONTES ARABES.

Enfin, Abou Hassan sut dissimuler si parfaitement sa douleur par toutes les marques d’une véritable affliction, que le calife, qui d’ailleurs n’avoit pas entendu dire qu’il eût fait fort mauvais ménage avec sa femme, ajouta foi à tout ce qu’il lui dit, et ne douta plus de la sincérité de ses paroles. Le trésorier du palais étoit présent, et le calife lui commanda d’aller au trésor, et de donner à Abou Hassan une bourse de cent pièces de monnoie d’or avec une belle pièce de brocard. Abou Hassan se jeta aussitôt aux pieds du calife pour lui marquer sa reconnoissance et le remercier de son présent. « Suis le trésorier, lui dit le calife : la pièce de brocard est pour servir de drap mortuaire à ta défunte, et l’argent pour lui faire des obsèques dignes d’elle. Je m’attends bien que tu lui donneras ce dernier témoignage de ton amour. »

Abou Hassan ne répondit à ces paroles obligeantes du calife, que par une profonde inclination, en se re-