Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.
330
LES MILLE ET UNE NUITS,

voir Abou Hassan avec un visage toujours gai, et qui n’inspiroit que la joie, fut fort surpris de le voir paroître devant lui en un si triste état. Il interrompit l’attention qu’il donnoit à l’affaire dont on parloit dans son conseil, pour lui demander la cause de sa douleur.

Commandeur des croyans, répondit Abou Hassan avec des sanglots et des soupirs réitérés, il ne pouvoit m’arriver un plus grand malheur que celui qui fait le sujet de mon affliction. Que Dieu laisse vivre votre Majesté sur le trône qu’elle remplit si glorieusement ! Nouzhatoul-Aouadat qu’elle m’avoit donnée en mariage par sa bonté, pour passer le reste de mes jours avec elle, hélas…

À cette exclamation, Abou Hassan fit semblant d’avoir le cœur si pressé, qu’il n’en dit pas davantage, et fondit en larmes.

Le calife qui comprit qu’Abou Hassan venoit lui annoncer la mort de sa femme, en parut extrêmement touché. « Dieu lui fasse miséricorde,