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CONTES ARABES.

aperçu Zobéïde, qui tenoit elle-même la portière de son antichambre entr’ouverte, et qui l’attendoit, elle redoubla ses cris en s’avançant, s’arracha les cheveux à pleines mains, se frappa les joues et la poitrine plus fortement, et se jeta à ses pieds, en les baignant de ses larmes.

Zobéïde étonnée de voir son esclave dans une affliction si extraordinaire, lui demanda ce qu’elle avoit, et quelle disgrâce lui étoit arrivée ?

Au lieu de répondre, la fausse affligée continua ses sanglots quelque temps, en feignant de se faire violence pour les retenir. « Hélas, ma très-honorée dame et maîtresse, s’écria-t-elle enfin avec des paroles entrecoupées de sanglots, quel malheur plus grand et plus funeste pouvoit-il m’arriver, que celui qui m’oblige de venir me jeter aux pieds de votre Majesté, dans la disgrâce extrême où je suis réduite ! Que Dieu prolonge vos jours dans une santé parfaite, ma très-respectable princesse, et vous donne de longues et heureuses années !