Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/329

Cette page a été validée par deux contributeurs.
319
CONTES ARABES.

que je me propose. Je vais faire le mort : aussitôt vous prendrez un linceul, et vous m’ensevelirez, comme si je l’étois effectivement. Vous me mettrez au milieu de la chambre à la manière accoutumée, avec le turban posé sur le visage, et les pieds tournés du côté de la Mecque, tout prêt à être porté au lieu de la sépulture. Quand tout sera ainsi disposé, vous ferez les cris et verserez les larmes ordinaires en de pareilles occasions, en déchirant vos habits, et vous arrachant les cheveux, ou du moins en feignant de vous les arracher, et vous irez tout en pleurs et les cheveux épars vous présenter à Zobéïde. La princesse voudra savoir le sujet de vos larmes ; et dès que vous l’en aurez informée par vos paroles entrecoupées de sanglots, elle ne manquera pas de vous plaindre, et de vous faire présent de quelque somme d’argent pour aider à faire les frais de mes funérailles, et d’une pièce de brocard pour me servir de drap mortuaire, afin de rendre mon