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LES MILLE ET UNE NUITS,

dioient point au mal présent. Abou Hassan fut d’avis de payer le traiteur, et sa femme y consentit. Ils le firent venir et lui payèrent tout ce qu’ils lui devoient, sans rien témoigner de l’embarras où ils alloient se trouver sitôt qu’ils auroient fait ce paiement.

Le traiteur se retira fort content d’avoir été payé en belles pièces d’or à fleurs de coin : on n’en voyoit pas d’autres dans le palais du calife. Abou Hassan et Nouzhatoul-Aouadat ne le furent guère d’avoir vu le fond de leur bourse. Ils demeurèrent dans un grand silence, les yeux baissés, et fort embarrassés de l’état où ils se voyoient réduits dès la première année de leur mariage.

Abou Hassan se souvenoit bien que le calife en le recevant dans son palais, lui avoit promis de ne le laisser manquer de rien. Mais quand il considéroit qu’il avoit prodigué en si peu de temps les largesses de sa main libérale, outre qu’il n’étoit pas d’humeur à demander, il ne vouloit pas aussi s’exposer à la honte de déclarer