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LES MILLE ET UNE NUITS,

agréablement. Aussi leur table étoit-elle toujours mise, et couverte, à chaque repas, des mets les plus délicats et les plus friands qu’un traiteur avoit soin de leur apprêter et de leur fournir. Le buffet étoit toujours chargé de vin le plus exquis, et disposé de manière qu’il étoit à la portée de l’un et de l’autre lorsqu’ils étoient à table. Là ils jouissoient d’un agréable tête-à-tête, et s’entretenoient de mille plaisanteries qui leur faisoient faire des éclats de rire, plus ou moins grands, selon qu’ils avoient mieux ou moins bien rencontré à dire quelque chose capable de les réjouir. Le repas du soir étoit particulièrement consacré à la joie. Ils ne s’y faisoient servir que des fruits excellens, des gâteaux et des pâtes d’amandes ; et à chaque coup de vin qu’ils buvoient, ils s’excitoient l’un et l’autre par quelques chansons nouvelles, qui fort souvent étoient des impromptu faits à propos sur le sujet dont ils s’entretenoient. Ces chansons étoient aussi quelquefois accompagnées d’un luth,