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LES MILLE ET UNE NUITS,

fort, qu’Abou Hassan fit un cri effroyable.

À ce cri, tous les instrumens de musique jouèrent en même temps, et les dames et les officiers se mirent à danser, à chanter et à sauter autour d’Abou Hassan avec un si grand bruit, qu’il entra dans une espèce d’enthousiasme qui lui fit faire mille folies. Il se mit à chanter comme les autres. Il déchira le bel habit de calife dont on l’avoit revêtu. Il jeta par terre le bonnet qu’il avoit sur la tête, et nu en chemise et en caleçon, il se leva brusquement, et se jeta entre deux dames qu’il prit par la main, et se mit à danser et à sauter avec tant d’action, de mouvement et de contorsions bouffonnes et divertissantes, que le calife ne put plus se contenir dans l’endroit où il étoit. La plaisanterie subite d’Abou Hassan le fit rire avec tant d’éclat, qu’il se laissa aller à la renverse, et se fit entendre par-dessus tout le bruit des instrumens de musique et des tambours de basque. Il fut si long-temps sans pouvoir se retenir, que peu s’en fallut