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CONTES ARABES.

prendre la mère et la fille, de les conduire à trois journées de Damas, et de les laisser là, en leur faisant défense de revenir dans la ville.

Les gens de Zinebi s’acquittèrent de leur commission ; mais moins exacts que leur maître à exécuter de point en point les ordres d’Haroun Alraschild, ils donnèrent par pitié à Force des cœurs et à sa mère quelques menues monnoies pour se procurer de quoi vivre, et à chacune un sac qu’ils leur passèrent au cou, pour mettre leurs provisions.

Dans cette situation déplorable, elles arrivèrent au premier village. Les paysannes s’assemblèrent autour d’elles, et comme au travers de leur déguisement on ne laissoit pas de remarquer que c’étoient des personnes de quelque condition, on leur demanda ce qui les obligeoit à voyager ainsi sous un habillement qui paroissoit n’être pas leur habillement naturel. Au lieu de répondre à la question qu’on leur faisoit, elles se mirent à pleurer ; ce qui ne servit