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CONTES ARABES.

deur des croyans ? Dieu tout-puissant, éclairez mon entendement : faites-moi connoître la vérité, afin que je sache à quoi m’en tenir. » Il découvrit ensuite ses épaules encore toutes livides des coups qu’il avoit reçus ; et en les montrant aux dames : « Voyez, leur dit-il, et jugez si de pareilles blessures peuvent venir en songe ou en dormant. À mon égard je puis vous assurer qu’elles ont été très-réelles ; et la douleur que j’en ressens encore, m’en est un sûr garant, qui ne me permet pas d’en douter. Si cela néanmoins m’est arrivé en dormant, c’est la chose du monde la plus extraordinaire et la plus étonnante ; et je vous avoue qu’elle me passe. »

Dans l’incertitude où étoit Abou Hassan de son état, il appela un des officiers du calife, qui étoit près de lui : « Approchez-vous, dit-il, et mordez-moi le bout de l’oreille, que je juge si je dors ou si je veille. » L’officier s’approcha, lui prit le bout de l’oreille entre les dents, et le serra si