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LES MILLE ET UNE NUITS,

roles, il prit la tasse et il se versa du vin : « Prenez votre tasse, que je vous en verse aussi, dit-il au calife, et continuons de goûter un plaisir si charmant. »

Quand le calife et Abou Hassan eurent bu : « C’est grand dommage, reprit le calife, qu’un aussi galant homme que vous êtes, qui n’est pas indifférent pour l’amour, mène une vie si solitaire et si retirée. »

« Je n’ai pas de peine, repartit Abou Hassan à préférer la vie tranquille que vous voyez que je mène, à la compagnie d’une femme qui ne seroit peut-être pas d’une beauté à me plaire, et qui d’ailleurs me causeroit mille chagrins par ses imperfections et par sa mauvaise humeur. »

Ils poussèrent entr’eux la conversation assez loin sur ce sujet ; et le calife qui vit Abou Hassan au point où il le desiroit : « Laissez-moi faire, lui dit-il, puisque vous avez le bon goût de tous les honnêtes gens, je veux vous trouver votre fait, et il ne