les tasses près de son fils ; ensuite elle se retira, et ne parut pas davantage.
Abou Hassan commença à se verser du vin le premier, et en versa ensuite au calife. Ils burent chacun cinq ou six coups, en s’entretenant de choses indifférentes. Quand le calife vit qu’Abou Hassan commençoit à s’échauffer, il le mit sur le chapitre de ses amours, et il lui demanda s’il n’avoit jamais aimé.
« Mon frère, répliqua familièrement Abou Hassan, qui croyoit parler à son hôte comme à son égal, je n’ai jamais regardé l’amour, ou le mariage, si vous voulez, que comme une servitude à laquelle j’ai toujours eu de la répugnance à me soumettre ; et jusqu’à présent je vous avouerai que je n’ai aimé que la table, la bonne chère, et sur-tout le bon vin ; en un mot, qu’à bien me divertir et à m’entretenir agréablement avec des amis. Je ne vous assure pourtant pas que je fusse indifférent pour le mariage ni incapable d’attache-