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LES MILLE ET UNE NUITS,

jourd’hui un mois, et pendant laquelle vous me fîtes l’honneur de me régaler avec tant de générosité ? » « Non, repartit Abou Hassan sur le même ton qu’auparavant, je ne vous connois pas, et je ne sais de quoi vous voulez me parler. Allez, encore une fois, et passez votre chemin. »

Le calife ne se rebuta pas de la brusquerie d’Abou Hassan. Il savoit bien qu’une des lois qu’Abou Hassan s’étoit imposées à lui-même, étoit de ne plus avoir de commerce avec l’étranger qu’il auroit une fois régalé : Abou Hassan le lui avoit déclaré, mais il vouloit bien faire semblant de l’ignorer. « Je ne puis croire, reprit-il, que vous ne me reconnoissiez pas : il n’y a pas assez long-temps que nous nous sommes vus, et il n’est pas possible que vous m’ayiez oublié si facilement. Il faut qu’il vous soit arrivé quelque malheur qui vous cause cette aversion pour moi. Vous devez vous souvenir cependant que je vous ai marqué ma reconnoissance par mes bons souhaits ; et même que