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CONTES ARABES.

l’honneur de venir souper avec lui, étoit le premier du mois, et le même jour, comme nous l’avons déjà dit, que le calife se divertissoit à aller déguisé hors de quelqu’une des portes par où on abordoit en cette ville, pour observer par lui-même s’il ne se passoit rien contre la bonne police, de la manière qu’il l’avoit établie et réglée dès le commencement de son règne.

Il n’y avoit pas long-temps qu’Abou Hassan étoit arrivé, et qu’il s’étoit assis sur un banc pratiqué contre le parapet, lorsqu’en jetant la vue jusqu’à l’autre bout du pont, il aperçut le calife qui venoit à lui déguisé en marchand de Moussoul, comme la première fois, et suivi du même esclave. Persuadé que tout le mal qu’il avoit souffert ne venoit que de ce que le calife, qu’il ne connoissoit que pour un marchand de Moussoul, avoit laissé la porte ouverte en sortant de sa chambre, il frémit en le voyant. « Que Dieu veuille me préserver, dit-il en lui-même ! Voilà, si