Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
LES MILLE ET UNE NUITS,

en prit un bon augure : « Hé bien, mon fils, lui dit-elle en essuyant ses larmes, comment vous trouvez-vous ? En quelle assiette est votre esprit ? Avez-vous renoncé à toutes vos fantaisies et aux propos que le démon vous avoit suggérés ? »

« Ma mère, répondit Abou Hassan d’un sens rassis et fort tranquille, et d’une manière qui peignoit la douleur qu’il ressentoit des excès auxquels il s’étoit porté contr’elle, je reconnois mon égarement, mais je vous prie de me pardonner le crime exécrable que je déteste, et dont je suis coupable envers vous. Je fais la même prière à nos voisins, à cause du scandale que je leur ai donné. J’ai été abusé par un songe, mais un songe si extraordinaire et si semblable à la vérité, que je puis mettre en fait que tout autre que moi, à qui il seroit arrivé, n’en auroit pas été moins frappé, et seroit peut-être tombé dans de plus grandes extravagances que vous ne m’en avez vu faire. J’en suis encore si fort troublé, au moment où