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LES MILLE ET UNE NUITS,

Les idées fortes et sensibles qu’Abou Hassan avoit conservées dans son esprit, de s’être vu revêtu de l’habillement de calife, d’en avoir fait effectivement les fonctions, d’avoir usé de son autorité, d’avoir été obéi et traité véritablement en calife, et qui l’avoient persuadé à son réveil qu’il l’étoit véritablement, et l’avoient fait persister si long-temps dans cette erreur, commencèrent insensiblement à s’effacer de son esprit.

« Si j’étois calife et Commandeur des croyans, se disoit-il quelquefois à lui-même, pourquoi me serois-je trouvé chez moi en me réveillant, et revêtu de mon habit ordinaire ? Pourquoi ne me serois-je pas vu environné du chef des eunuques, de tant d’autres eunuques et d’une si grosse foule de belles dames ? Pourquoi le grand visir Giafar que j’ai vu à mes pieds, tant d’émirs, tant de gouverneurs de provinces, et tant d’autres officiers dont je me suis vu environné, m’auroient-ils abandonné ? Il y a long-temps, sans doute, qu’ils