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CONTES ARABES.

ter dans une si grande disgrâce, que les coups dont tu m’assommes. »

Cependant la mère d’Abou Hassan venoit voir son fils réglément chaque jour ; et elle ne pouvoit retenir ses larmes, en voyant diminuer de jour en jour son embonpoint et ses forces, et l’entendant se plaindre et soupirer des douleurs qu’il souffroit. En effet, il avoit les épaules, le dos et les côtés noircis et meurtris ; et il ne savoit de quel côté se tourner pour trouver du repos. La peau lui changea même plus d’une fois, pendant le temps qu’il fut retenu dans cette effroyable demeure. Sa mère vouloit lui parler pour le consoler, et pour tâcher de sonder s’il étoit toujours dans la même situation d’esprit sur sa prétendue dignité de calife et de Commandeur des croyans. Mais toutes les fois qu’elle ouvroit la bouche pour lui en toucher quelque chose, il la rebutoit avec tant de furie, qu’elle étoit contrainte de le laisser, et de s’en retourner inconsolable de le voir dans une si grande opiniâtreté.