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CONTES ARABES.

votre exemple, à quelqu’extrémité que puisse vous porter votre amour pour mon frère. »

La mère et la fille confondant ainsi leurs soupirs et leurs larmes, demeurèrent assez long-temps dans un embrassement si touchant. Cependant les femmes de la reine que ce spectacle attendrissoit fort, n’oublièrent rien pour engager la mère de Ganem à prendre quelque nourriture. Elle mangea un morceau pour les satisfaire, et Force des cœurs en fit autant.

Comme l’ordre du calife portoit que les parens de Ganem paroîtroient trois jours de suite aux yeux du peuple dans l’état qu’on a dit, Force des cœurs et sa mère servirent de spectacle le lendemain pour la seconde fois, depuis le matin jusqu’au soir ; mais ce jour-là et le jour suivant, les choses ne se passèrent pas de la même manière : les rues qui avoient été d’abord pleines de monde, devinrent désertes. Tous les marchands indignés du traitement que l’on faisoit à la veuve et à la fille d’Abou Aï-