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CONTES ARABES.

La fureur d’Abou Hassan commençoit un peu à se ralentir quand les voisins arrivèrent dans sa chambre. Le premier qui se présenta, se mit aussitôt entre sa mère et lui ; et après lui avoir arraché son bâton de la main : « Que faites-vous donc, Abou Hassan, lui dit-il ? Avez-vous perdu la crainte de Dieu et la raison ? Jamais un fils bien né comme vous, a-t-il osé lever la main sur sa mère ? Et n’avez-vous point de honte de maltraiter ainsi la vôtre, elle qui vous aime si tendrement ? » Abou Hassan encore tout plein de sa fureur, regarda celui qui lui parloit sans lui rien répondre ; et en jetant en même temps ses jeux égarés sur chacun des autres voisins qui l’accompagnoient : « Qui est cet Abou Hassan dont vous parlez, demanda-t-il ? Est-ce moi que vous appelez de ce nom ? »

Cette demande déconcerta un peu les voisins. « Comment, repartit celui qui venoit de lui parler, vous ne reconnoissez donc pas la femme que