Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/263

Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
CONTES ARABES.

dans celui d’Abou Hassan. Dans cette pensée : « Mon fils, lui dit-elle, je prie Dieu qu’il ait pitié de vous, et qu’il vous fasse miséricorde. Cessez, mon fils, de tenir un discours si dépourvu de bon sens. Adressez-vous à Dieu ; demandez-lui qu’il vous pardonne, et vous fasse la grâce de parler comme un homme raisonnable. Que diroit-on de vous, si l’on vous entendoit parler ainsi ? Ne savez-vous pas que les murailles ont des oreilles ? »

De si belles remontrances, loin d’adoucir l’esprit d’Abou Hassan, ne servirent qu’à l’aigrir encore davantage. Il s’emporta contre sa mère avec plus de violence. « Vieille, lui dit-il, je t’ai déjà avertie de te taire : si tu continues davantage, je me lèverai, et je te traiterai de manière que tu t’en ressentiras tout le reste de tes jours. Je suis le calife, le Commandeur des croyans, et tu dois me croire quand je te le dis. »

Alors la bonne dame qui vit qu’Abou Hassan s’égaroit de plus en plus de son bon sens plutôt que d’y ren-