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CONTES ARABES.

pouvoit s’imaginer que son fils eût eu quelque part à l’aventure qu’elle lui racontoit, avoit exprès changé de discours, et regardé le récit de cette affaire comme un moyen capable d’effacer l’impression fantastique où elle le voyoit, d’être le Commandeur des croyans.

Mais il en arriva tout autrement ; et ce récit, loin d’effacer l’idée qu’il avoit toujours d’être le Commandeur des croyans, ne servit qu’à la lui rappeler et à la lui graver d’autant plus profondément dans son imagination, qu’en effet elle n’étoit pas fantastique, mais réelle.

Aussi, dès qu’Abou Hassan eut entendu ce récit : « Je ne suis plus ton fils, ni Abou Hassan, reprit-il ; je suis certainement le Commandeur des croyans, je ne puis plus en douter après ce que tu viens de me raconter toi-même. Apprends que c’est par mes ordres que l’iman et les quatre scheikhs ont été châtiés de la manière que tu m’as dit. Je suis donc véritablement le Commandeur des