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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Je connois mon fils, reprit la mère de Ganem, je l’ai élevé avec grand soin, et dans le respect dû au Commandeur des croyans. Il n’a point commis le crime dont on l’accuse, et je réponds de son innocence. Je cesse donc de murmurer et de me plaindre, puisque c’est pour lui que je souffre, et qu’il n’est pas mort. Ah, Ganem, ajouta-t-elle, emportée par un mouvement mêlé de tendresse et de joie, mon cher fils Ganem, est-il possible que tu vives encore ? Je ne regrette plus mes biens ; et à quelqu’excès que puissent aller les ordres du calife, je lui en pardonne toute la rigueur, pourvu que le ciel ait conservé mon fils. Il n’y a que ma fille qui m’afflige : ses maux seuls font toute ma peine. Je la crois pourtant assez bonne sœur pour suivre mon exemple. »

À ces paroles, Force des cœurs qui avoit paru insensible jusque-là, se tourna vers sa mère, et lui jetant ses bras au cou : « Oui, ma chère mère, lui dit-elle, je suivrai toujours