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CONTES ARABES.

Je ne l’ai faite que d’aujourd’hui, et je ne l’ai encore chantée à qui que ce soit. »

« Je vous accorde cette grâce avec plaisir, lui dit Abou Hassan en prenant le verre qu’elle lui présentoit, et je vous ordonne, en qualité de Commandeur des croyans, de me la chanter, persuadé que je suis qu’une belle personne comme vous n’en peut faire que de très-agréables et pleines d’esprit. » La dame prit un luth, et elle chanta la chanson en accordant sa voix au son de cet instrument avec tant de justesse, de grâce et d’expression, qu’elle tint Abou Hassan comme en extase, depuis le commencement jusqu’à la fin. Il la trouva si belle, qu’il la lui fit répéter une seconde fois, et il n’en fut pas moins charmé que la première fois.

Quand la dame eut achevé, Abou Hassan qui vouloit la louer comme elle le méritoit, vuida le verre auparavant tout d’un trait. Puis tournant la tête du côté de la dame comme pour lui parler, il en fut empêché par la