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CONTES ARABES.

les pieds nus, couvertes d’un si étrange habillement, et tâchant de cacher leur confusion sous leurs cheveux dont elles se couvroient le visage, tout le peuple fondoit en larmes.

Les dames sur-tout les regardant comme innocentes au travers des jalousies, et touchées principalement de la jeunesse et de la beauté de Force des cœurs, faisoient retentir l’air de cris effroyables à mesure qu’elles passoient sous leurs fenêtres. Les enfans même effrayés par ces cris et par le spectacle qui les causoit, mêloient leurs pleurs à cette désolation générale, et y ajoutoient une nouvelle horreur. Enfin, quand les ennemis de l’état auroient été dans la ville de Damas, et qu’ils y auroient tout mis à feu et à sang, on n’y auroit pas vu régner une plus grande consternation.

Il étoit presque nuit lorsque cette scène affreuse finit. On ramena la mère et la fille au palais du roi Mohammed. Comme elles n’étoient point accoutumées à marcher les