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LES MILLE ET UNE NUITS,

d’Abou Hassan ; mais instruit par le calife, il joua merveilleusement bien son personnage. « Mon respectable Seigneur et maître, s’écria-t-il, votre Majesté me parle ainsi aujourd’hui apparemment pour m’éprouver : votre Majesté n’est-elle pas le Commandeur des croyans, le monarque du monde, de l’orient à l’occident, et le vicaire sur la terre du prophète envoyé de Dieu maître de ce monde terrestre et du céleste ? Mesrour, votre chétif esclave, ne l’a pas oublié depuis tant d’années qu’il a l’honneur et le bonheur de rendre ses respects et ses services à votre Majesté. Il s’estimeroit le plus malheureux des hommes, s’il avoit encouru votre disgrâce : il vous supplie donc très-humblement d’avoir la bonté de le rassurer ; il aime mieux croire qu’un songe fâcheux a troublé son repos cette nuit. »

Abou Hassan fit un si grand éclat de rire à ces paroles de Mesrour, qu’il se laissa aller à la renverse sur le chevet du lit, avec une grande joie du