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CONTES ARABES.

plafond à plusieurs enfoncemens de diverses figures, peints à l’arabesque, ornée de grands vases d’or massif, de portières et d’un tapis de pied or et soie, et environné de jeunes dames, dont plusieurs avoient différentes sortes d’instrumens de musique, prêtes à en toucher, toutes d’une beauté charmante, d’eunuques noirs, tous richement habillés et debout, dans une grande modestie. En jetant les jeux sur la couverture du lit, il vit qu’elle étoit de brocard d’or à fond rouge, rehaussée de perles et de diamans, et près du lit un habit de même étoffe et de même parure, et à côté de lui, sur un coussin, un bonnet de calife. À ces objets si éclatans, Abou Hassan fut dans un étonnement et dans une confusion inexprimable. Il les regardoit tous comme dans un songe : songe si véritable à son égard, qu’il desiroit que ce n’en fût pas un ! « Bon, disoit-il en lui-même, me voilà calife ; mais, ajoutoit-il, un peu après en se reprenant, il ne faut pas que je