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LES MILLE ET UNE NUITS,

vin le premier en faisant connoître à Abou Hassan, que c’étoit pour le remercier. Quand il eut bu, il jeta adroitement dans la tasse d’Abou Hassan une pincée d’une poudre qu’il avoit sur lui, et versa par-dessus le reste de la bouteille. En la présentant à Abou Hassan : « Vous avez, dit-il, pris la peine de me verser à boire toute la soirée ; c’est bien la moindre chose que je doive faire que de vous en épargner la peine pour la dernière fois ; je vous prie de prendre cette tasse de ma main, et de boire ce coup pour l’amour de moi. »

Abou Hassan prit la tasse ; et pour marquer davantage à son hôte, avec combien de plaisir il recevoit l’honneur qu’il lui faisoit, il but, et il la vuida presque tout d’un trait. Mais à peine eut-il mis la tasse sur la table, que la poudre fît son effet. Il fut saisi d’un assoupissement si profond, que la tête lui tomba presque sur ses genoux d’une manière si subite, que le calife ne put s’empêcher d’en rire. L’esclave par qui il s’étoit