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CONTES ARABES.

de ma jeunesse dans une grande contrainte, je voulus tâcher de réparer le bon temps que je croyois avoir perdu. En cela néanmoins, poursuivit Abou Hassan, je me gouvernois d’une autre manière que ne font ordinairement tous les jeunes gens. Ils se livrent à la débauche sans considération, et ils s’y abandonnent jusqu’à ce que, réduits à la dernière pauvreté, ils fassent malgré eux une pénitence forcée pendant le reste de leurs jours. Afin de ne pas tomber dans ce malheur, je partageai tout mon bien en deux parts, l’une en fonds, et l’autre en argent comptant. Je destinai l’argent comptant pour les dépenses que je méditois, et je pris une ferme résolution de ne point toucher à mes revenus. Je fis une société de gens de ma connoissance et à-peu-près de mon âge ; et sur l’argent comptant que je dépensois à pleine main, je les régalois splendidement chaque jour, de manière que rien ne manquoit à nos divertissemens. Mais la durée n’en fut