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CONTES ARABES.

Abou Hassan n’eut pas plutôt bu, qu’en remplissant la tasse que le calife lui présentoit : « Goûtez, Seigneur, dit-il, vous le trouverez bon. »

« J’en suis bien persuadé, reprit le calife d’un air riant ; il n’est pas possible qu’un homme comme vous ne sache faire le choix des meilleures choses. »

Pendant que le calife buvoit : « Il ne faut que vous regarder, repartit Abou Hassan, pour s’apercevoir du premier coup d’œil, que vous êtes de ces gens qui ont vu le monde et qui savent vivre.

» Si ma maison, ajouta-t-il en vers arabes, étoit capable de sentiment, et qu’elle fût sensible au sujet de joie qu’elle a de vous posséder, elle le marqueroit hautement ; et en se prosternant devant vous, elle s’écrieroit : Ah, quel plaisir, quel bonheur de me voir honoré de la présence d’une personne si honnête et si complaisante, qu’elle ne dédaigne pas de prendre le couvert chez moi ! »