Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
188
LES MILLE ET UNE NUITS,

lement, le premier étranger qui se présenteroit à lui.

Le calife trouva quelque chose de si singulier dans la bizarrerie du goût d’Abou Hassan, que l’envie lui prit de le connoître à fond. Sans sortir du caractère de marchand, il lui marqua qu’il ne pouvoit mieux répondre à une si grande honnêteté à laquelle il ne s’étoit pas attendu à son arrivée à Bagdad, qu’en acceptant l’offre obligeante qu’il venoit de lui faire ; qu’il n’avoit qu’à lui montrer le chemin, et qu’il étoit tout prêt à le suivre.

Abou Hassan, qui ne savoit pas que l’hôte que le hasard venoit de lui présenter étoit infiniment au-dessus de lui, en agit avec le calife comme avec son égal. Il le mena à sa maison et le fit entrer dans une chambre meublée fort proprement, où il lui fit prendre place sur le sofa, l’endroit le plus honorable. Le souper étoit prêt, et le couvert étoit mis. La mère d’Abou Hassan, qui entendoit fort bien la cuisine, servit trois plats : l’un, au milieu, garni d’un bon chapon,