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CONTES ARABES.

mois, sur les grands chemins par où on abordoit à Bagdad, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre. Ce jour-là, premier du mois, il parut déguisé en marchand de Moussoul qui venoit de débarquer de l’autre côté du pont, et suivi d’un esclave grand et puissant.

Comme le calife avoit dans son déguisement un air grave et respectable, Abou Hassan, qui le croyoit marchand de Moussoul, se leva de l’endroit où il étoit assis ; et après l’avoir salué d’un air gracieux, et lui avoir baisé la main : « Seigneur, lui dit-il, je vous félicite de votre heureuse arrivée ; je vous supplie de me faire l’honneur de venir souper avec moi, et de passer cette nuit en ma maison, pour tâcher de vous remettre de la fatigue de votre voyage. » Et afin de l’obliger davantage à ne lui pas refuser la grâce qu’il lui demandoit, il lui expliqua en peu de mots la coutume qu’il s’étoit faite de recevoir chez lui chaque jour, autant qu’il lui seroit possible, et pour une nuit seu-