Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
CONTES ARABES.

d’état, de famille ou de négoce, comme il arrive fort souvent, il affectoit au contraire de ne parler que de choses indifférentes, agréables et réjouissantes. Il étoit naturellement plaisant, de belle humeur et fort divertissant ; et sur quelque sujet que ce fût, il savoit donner un tour à son discours capable d’inspirer la joie aux plus mélancoliques.

En renvoyant son hôte le lendemain matin : « En quelque lieu que vous puissiez aller, lui disoit Abou Hassan, Dieu vous préserve de tout sujet de chagrin. Quand je vous invitai hier à venir prendre un repas chez moi, je vous informai de la loi que je me suis imposée ; ainsi ne trouvez pas mauvais si je vous dis que nous ne boirons plus ensemble, et même que nous ne nous verrons plus ni chez moi ni ailleurs : j’ai mes raisons pour en user ainsi. Dieu vous conduise ! »

Abou Hassan étoit exact dans l’observation de cette règle ; il ne regardoit plus les étrangers qu’il avoit une