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LES MILLE ET UNE NUITS,

seroit pas de Bagdad, mais un étranger qui y seroit arrivé le même jour, et qu’il le renverroit le lendemain matin, après lui avoir donné le couvert une nuit seulement.

Selon ce projet, Abou Hassan avoit soin lui-même chaque matin de faire la provision nécessaire pour ce régal, et vers la fin du jour, il alloit s’asseoir au bout du pont de Bagdad, et dès qu’il voyoit un étranger, de quelqu’état ou condition qu’il fût, il l’abordoit civilement, et l’invitoit de même à lui faire l’honneur de venir souper et loger chez lui pour la première nuit de son arrivée ; et après l’avoir informé de la loi qu’il s’étoit faite, et de la condition qu’il avoit mise à son honnêteté, il l’emmenoit en son logis.

Le repas dont Abou Hassan régaloit son hôte n’étoit pas somptueux ; mais il y avoit suffisamment de quoi se contenter. Le bon vin sur-tout n’y manquoit pas. On faisoit durer le repas jusque bien avant dans la nuit ; et au lieu d’entretenir son hôte d’affaires