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CONTES ARABES.

douleur et d’indignation. « Ah, ma mère, s’écria-t-il en rentrant dans son appartement, vous me l’aviez bien dit : au lieu d’amis, je n’ai trouvé que des perfides, des ingrats et des méchans, indignes de mon amitié ! C’en est fait, je renonce à la leur, et je vous promets de ne les revoir jamais. »

Abou Hassan demeura ferme dans la résolution de tenir sa parole. Pour cet effet, il prit les précautions les plus convenables pour en éviter les occasions ; et afin de ne plus tomber dans le même inconvénient, il promit avec serment de ne donner à manger de sa vie à aucun homme de Bagdad. Ensuite il tira le coffre-fort où étoit l’argent de son revenu, du lieu où il l’avoit mis en réserve, et il le mit à la place de celui qu’il venoit de vuider. Il résolut de n’en tirer pour sa dépense de chaque jour qu’une somme réglée et suffisante pour régaler honnêtement une seule personne avec lui à souper. Il fit encore serment que cette personne ne