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CONTES ARABES.

avoit donné d’argent pendant sa jeunesse que ce qui suffisoit précisément pour son entretien, et qu’il avoit toujours porté envie aux jeunes gens de son âge qui n’en manquoient pas, et qui ne se refusoient aucun des plaisirs auxquels la jeunesse ne s’abandonne que trop aisément, il résolut de se signaler à son tour en faisant des dépenses proportionnées aux grands biens dont la fortune venoit de le favoriser. Pour cet effet, il partagea son bien en deux parts : l’une fut employée en acquisition de terres à la campagne, et de maisons dans la ville, et dont il se fit un revenu suffisant pour vivre à son aise, avec promesse de ne point toucher aux sommes qui en reviendroient, mais de les amasser à mesure qu’il les recevroit ; l’autre moitié, qui consistoit en une somme considérable en argent comptant, fut destinée à reparer tout le temps qu’il croyoit avoir perdu sous la dure contrainte où son père l’avoit retenu jusqu’à sa mort ; mais il se fit une loi indis-