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LES MILLE ET UNE NUITS,

Harran reconnoissant Codadad dans ce brave guerrier qui venoit de le secourir, ou plutôt de battre ses ennemis, il demeura immobile de surprise et de joie. « Seigneur, lui dit Codadad, vous avez sujet, sans doute, d’être étonné de voir paroître tout-à-coup devant votre Majesté un homme que vous croyiez peut-être sans vie. Je le serois si le ciel ne m’avoit pas conservé pour vous servir encore contre vos ennemis. » « Ah, mon fils, s’écria le roi, est-il bien possible que vous me soyez rendu ? Hélas, je désespérois de vous revoir ! » En disant cela, il tendit les bras au jeune prince qui se livra à un embrassement si doux.

« Je sais tout, mon fils, reprit le roi, après l’avoir tenu long-temps embrassé ; je sais de quel prix vos frères ont payé le service que vous leur avez rendu en les délivrant des mains du nègre ; mais vous serez vengé dès demain. Cependant allons au palais ; votre mère, à qui vous avez coûté tant de pleurs, m’attend