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CONTES ARABES.

C’étoient des solitaires, qui pendant le cours de leur vie se tenoient cachés dans des grottes : ils ne se montroient jamais aux yeux des hommes, que pour assister aux obsèques des rois de Harran et des princes de sa maison. Ces vénérables personnages portoient sur leur tête chacun un gros livre qu’ils tenoient d’une main ; ils firent tous trois fois le tour du dôme sans rien dire ; ensuite s’étant arrêtés à la porte, l’un d’eux prononça ces mots :

« Ô prince, que pouvons-nous faire pour toi ? Si par la prière ou par la science on pouvoit te rendre la vie, nous frotterions nos barbes blanches à tes pieds, et nous réciterions des oraisons ; mais le roi de l’univers t’a enlevé pour jamais ! »

Ces vieillards, après avoir ainsi parlé, s’éloignèrent du dôme ; et aussitôt cinquante jeunes filles parfaitement belles s’en approchèrent ; elles montoient chacune un petit cheval blanc ; elles étoient sans voiles, et portoient des corbeilles d’or pleines de toutes sortes de pierres précieuses ;