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CONTES ARABES.

fallut pas davantage pour faire croire à cette tendre mère qu’il étoit mort. Elle se le persuada si bien, qu’elle en prit le deuil. Elle pleura Ganem comme si elle l’eût vu mourir, et qu’elle lui eût elle-même fermé les yeux. Jamais mère ne montra tant de douleur ; et loin de chercher à se consoler, elle prenoit plaisir à nourrir son affliction. Elle fit bâtir au milieu de la cour de sa maison un dôme, sous lequel elle mit une figure qui représentoit son fils et qu’elle couvrit elle-même d’un drap mortuaire. Elle passoit presque les jours et les nuits à pleurer sous ce dôme, de même que si le corps de son fils eût été enterré là ; et la belle Force des cœurs, sa fille, lui tenoit compagnie, et mêloit ses pleurs avec les siens.

Il y avoit déjà du temps qu’elles s’occupoient ainsi à s’affliger, et que le voisinage qui entendoit leurs cris et leurs lamentations, plaignoit des parens si tendres, lorsque Mohammed Zinebi vint frapper à la porte ; et