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CONTES ARABES.

couler vos larmes, et qui causent à leur père une douleur mortelle, vont éprouver un juste châtiment. » En parlant ainsi, ce prince, la fureur peinte en ses yeux, se rendit dans la salle d’audience où étoient ses courtisans, et ceux d’entre le peuple qui avoient quelque prière à lui faire. Ils furent tous étonnés de le voir paroître d’un air furieux : ils jugèrent qu’il étoit en colère contre son peuple ; leurs cœurs étoient glacés d’effroi. Il monta sur le trône ; et faisant approcher son grand visir : « Hassan, lui dit-il, j’ai un ordre à te donner ; va tout-à-l’heure prendre mille soldats de ma garde, et arrête tous les princes mes fils ; enferme-les dans la tour destinée à servir de prison aux assassins, et que cela soit fait dans un moment. » À cet ordre extraordinaire, tous ceux qui étoient présens frémirent ; et le grand visir, sans répondre un seul mot, mit la main sur sa tête pour marquer qu’il étoit prêt à obéir, et sortit de la salle pour aller s’acquitter d’un emploi