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CONTES ARABES.

au sort, chacun prétend avoir la préférence, et que je devienne sa proie. Ils s’échauffent, ils en viennent aux mains, ils combattent comme des furieux. Le tillac en un moment est couvert de corps morts. Enfin, ils se tuèrent tous, à la réserve d’un seul qui se voyant maître de ma personne, me dit : « Vous êtes à moi : je vais vous conduire au Caire, pour vous livrer à un de mes amis, à qui j’ai promis une belle esclave. Mais, ajouta-t-il en regardant le roi mon époux, qui est cet homme-là ? Quels liens l’attachent à vous ? Sont-ce ceux du sang ou ceux de l’amour ? » « Seigneur, lui répondis-je, c’est mon mari. » « Cela étant, reprit le corsaire, il faut que je m’en défasse par pitié ; il souffriroit trop de vous voir entre les bras de mon ami. » À ces mots, il prit ce malheureux prince qui étoit lié, et le jeta dans la mer, malgré tous les efforts que je pus faire pour l’en empêcher. » Je poussai des cris effroyables à cette cruelle action ; et je me serois