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CONTES ARABES.

qu’un navire venoit de se briser sur la côte, et que j’étois sans doute une personne échappée du naufrage. Cette conjecture et la vive douleur que je faisois paroître, irritèrent la curiosité des officiers qui commencèrent à me faire mille questions, en m’assurant que leur roi étoit un prince généreux, et que je trouverois dans sa cour de la consolation.

» Leur roi, impatient d’apprendre qui je pouvois être, s’ennuya d’attendre le retour de ses officiers : il s’approcha de moi ; il me regarda avec beaucoup d’attention ; et comme je ne cessois pas de pleurer et de m’affliger, sans pouvoir répondre à ceux qui m’interrogeoient, il leur défendit de me fatiguer davantage par leurs questions, et s’adressant à moi : « Madame, me dit-il, je vous conjure de modérer l’excès de votre affliction. Si le ciel en colère vous fait éprouver sa rigueur, faut-il pour cela vous abandonner au désespoir ? Ayez, je vous prie, plus de fermeté : la fortune qui vous