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CONTES ARABES.

plaudit ; et oubliant la distance qui étoit entre nos conditions, il se flatta dans l’espérance qu’en effet mon père l’aimoit assez pour préférer son alliance à celle de tous les princes du monde. Il fit plus : le roi tardant trop à son gré à lui offrir ma main, il eut la hardiesse de la lui demander. Quelque châtiment que méritât son audace, mon père se contenta de lui dire qu’il avoit d’autres vues sur moi, et ne lui en fit pas plus mauvais visage. Le jeune homme fut irrité de ce refus : cet orgueilleux se sentit aussi choqué du mépris qu’on faisoit de sa recherche, que s’il eût demandé une fille du commun, ou qu’il eût été d’une naissance égale à la mienne. Il n’en demeura pas là : il résolut de se venger du roi ; et par une ingratitude dont il est peu d’exemples, il conspira contre lui, il le poignarda, et se fit proclamer roi de Deryabar, par un grand nombre de personnes mécontentes dont il sut ménager le chagrin. Son premier soin, dès qu’il se vit défait de mon père, fut de ve-