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LES MILLE ET UNE NUITS,

soient point encore. Il ne put retenir sa colère : « Imprudent étranger, dit-il à Codadad, devois-tu laisser partir mes fils sans les accompagner ? Est-ce ainsi que tu t’acquittes de l’emploi dont je t’ai chargé ? Va les chercher tout-à-l’heure et me les amène ; autrement ta perte est assurée. »

Ces paroles glacèrent d’effroi le malheureux fils de Pirouzé. Il se revêtit de ses armes, monta promptement à cheval. Il sortit de la ville ; et comme un berger qui a perdu son troupeau, il chercha partout ses frères dans la campagne, il s’informa dans tous les villages si on ne les avoit point vus ; et n’en apprenant aucune nouvelle, il s’abandonna à la plus vive douleur. « Ah, mes frères, s’écria-t-il, qu’êtes-vous devenus ? Seriez-vous au pouvoir de nos ennemis ? Ne serois-je venu à la cour de Harran que pour causer au roi un déplaisir si sensible ? » Il étoit inconsolable d’avoir permis aux princes d’aller à la chasse, ou de ne les avoir point accompagnés.