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CONTES ARABES.

prince. Il faut que je purge le monde d’un objet odieux au Seigneur. » Il formoit cette cruelle résolution ; mais son visir l’en détourna, en lui représentant que toutes les femmes n’étoient pas du même tempérament, et qu’il n’étoit pas impossible que Pirouzé fût grosse, quoique sa grossesse ne se déclarât point encore. « Hé bien, reprit le roi, qu’elle vive ; mais qu’elle sorte de ma cour, car je ne puis la souffrir. » « Que votre Majesté, répliqua le visir, l’envoie chez le prince Samer, votre cousin. » Le roi goûta cet avis ; il envoya Pirouzé à Samarie avec une lettre, par laquelle il mandoit à son cousin de la bien traiter ; et si elle étoit grosse, de lui donner avis de son accouchement.

Pirouzé ne fut pas arrivée dans ce pays-là, qu’on s’aperçut qu’elle étoit enceinte ; et enfin elle accoucha d’un prince plus beau que le jour. Le prince de Samarie écrivit aussitôt au roi de Harran pour lui faire part de l’heureuse naissance de ce