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CONTES ARABES.

il faut que je m’en acquitte avec fidélité. Je vous avouerai pourtant, mon cher Mobrarec, que si j’obéis au roi des Génies, ce n’est pas sans violence. La personne que je viens d’épouser est charmante, et je suis tenté de l’emmener à Balsora pour la placer sur le trône. » « Ah, Seigneur, répliqua Mobarec, gardez-vous bien de céder à votre envie ! Rendez-vous maître de vos passions ; et quelque chose qu’il vous en puisse coûter, tenez parole au roi des Génies. » « Hé bien, Mobarec, dit le prince, ayez donc soin de me cacher cette aimable fille. Que jamais elle ne s’offre à mes yeux ! Peut-être même ne l’ai-je que trop vue ! »

Mobarec fit faire les préparatifs du départ. Ils retournèrent au Caire, et de là prirent la route de l’isle du roi des Génies. Lorsqu’ils y furent, la fille qui avoit fait le voyage en litière et que le prince n’avoit point vue depuis le jour des noces, dit à Mobarec : « En quels lieux sommes--