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CONTES ARABES.

teur, lui répondit Mobarec d’un air doux en lui mettant entre les mains l’or et les étoffes, je suis votre voisin et votre serviteur : je viens de la part du prince Zeyn qui demeure en ce quartier. Il a entendu parler de votre mérite, et il m’a chargé de vous venir dire qu’il souhaitoit de faire connoissance avec vous. En attendant, il vous prie de recevoir ce petit présent. » Boubekir fut transporté de joie, et répondit à Mobarec : « De grâce, Seigneur, demandez bien pardon au prince pour moi. Je suis tout honteux de ne l’avoir point encore été voir ; mais je réparerai ma faute, et dès demain j’irai lui rendre mes devoirs. »

En effet, le jour suivant, après la prière du matin, il dit au peuple : « Sachez, mes frères, qu’il n’y a personne qui n’ait ses ennemis. L’envie attaque principalement ceux qui ont de grands biens. L’étranger dont je vous parlois hier au soir, n’est point un méchant homme, comme quelques gens mal intentionnés me l’ont voulu faire accroire ; c’est un