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LES MILLE ET UNE NUITS,

se rendit à la prison vers le milieu de la nuit, accompagné seulement du bourreau. Quelle fut sa surprise, lorsqu’il vit la porte ouverte, le geolier tout couvert de sang, la barbe arrachée, les habits déchirés, et levant les mains au ciel sans pouvoir parler ! Il fit ôter le tampon qu’il avoit dans la bouche, et lui demanda qui l’avoit mis dans cet état ?

« Seigneur, répondit le geôlier, il y a environ une heure qu’une troupe de scélérats ont brisé la porte de la prison, et se sont jetés sur moi. J’ai crié de toutes mes forces, et j’ai appelé au secours : ils m’ont mis ce tampon dans la bouche, et m’ont assommé de coups. Tandis qu’une partie de ces scélérats me traitoit ainsi, les autres ont brisé les fers d’Attaf, et l’ont emmené avec eux. Ils avoient tous le visage barbouillé de noir et de rouge, et ressembloient à des démons ; de façon qu’il m’a été impossible d’en reconnoître aucun. »

Le gouverneur, au désespoir de voir sa victime lui échapper, ne sa-