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LES MILLE ET UNE NUITS,

gré, et m’adressa des complimens très-flatteurs sur la beauté et la pureté de ma voix. « Je ne veux pas vous retenir plus long-temps, me dit-elle ensuite, votre épouse peut rentrer pendant votre absence, et je serois désolée que votre complaisance pour moi vous brouillât avec elle. » Je pris donc congé de la sultane en faisant des vœux pour son bonheur ; et, précédé de la vieille, je me hâtai de regagner le palais de la princesse.

Malheureusement pour moi, mon épouse étoit déjà de retour. J’entrai, en tremblant, dans ce salon dont je ne devois pas sortir, et je la trouvai couchée sur le sofa, paroissant dormir profondément. Je m’approchai doucement, et m’assis auprès d’elle ; mais, malgré toutes les précautions que je prenois pour ne pas la réveiller, elle ouvrit les yeux, et m’ayant aperçu, elle me donna un si furieux coup de pied qu’elle me jeta par terre. « Perfide, me dit-elle, c’est donc ainsi que tu tiens tes promesses ! Tu as été chez la sultane