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CONTES ARABES.

« Seigneurs, répondit le vieillard, en mettant dans sa poche la pièce d’or qu’on lui avoit offerte, il m’est impossible de vous procurer ce plaisir ; car le calife Haroun Alraschid vient ici tous les soirs prendre le frais et se promener en gondole. Il est accompagné d’un héraut qui publie à haute voix : « Défenses à toutes personnes, de quelque rang et de quelque qualité qu’elles soient, grands ou petits, jeunes ou vieux, de traverser le Tigre, sous peine de perdre la tête, ou d’être attachées au mat de leur vaisseau. » Vous arrivez justement au moment où sa gondole va passer, et je vous conseille de vous retirer sur-le-champ. »

Le calife et Giafar, fort étonnés de ce qu’ils entendoient, présentèrent chacun une pièce d’or au vieillard, et le prièrent de les laisser entrer sous des planches qui formoient une espèce de cabane au milieu de son bateau, en attendant que la gondole fût passée. Le vieillard prit les deux